Après un Euro calamiteux et les engagements pris par la Fédération française de football (FFF) au retour du tournoi, on nourrissait l'espoir de voir l'équipe de France aborder son nouvel objectif - la campagne de qualification pour la Coupe du Monde 2010 - regonflée à bloc. On s'était même pris à y croire au lendemain de la victoire des Bleus (3-2), le 20 août, à Göteborg, en match amical contre la sélection suédoise.
Abonnez-vous au Monde.fr : 6€ par mois + 30 jours offerts
Mais l'illusion n'a duré qu'une soirée. La rentrée des classes des joueurs de Raymond Domenech, samedi dernier, à Vienne, contre l'Autriche, s'est soldée par une défaite 3-1. La troisième d'affilée en compétition. La France, 11e nation de la planète foot selon le classement de la Fédération internationale (FIFA), s'est inclinée devant l'Autriche, classée... 101e! Les Bleus doivent vite oublier cette mauvaise blague s'ils ne veulent pas transformer leur marathon vers le Mondial en chemin de croix. Le match de ce soir, à Saint-Denis, contre la Serbie, 33e au classement FIFA, fait figure de test. Pour l'équipe d'abord, composée d'une majorité de jeunes joueurs parmi lesquels Steve Mandanda, Samir Nasri, Karim Benzema, Lassana Diarra (une moyenne d'âge de 25 ans dans l'effectif actuel des 22 sélectionnés) qui doivent gagner leurs galons en sélection. Pour son sélectionneur aussi, à qui la Fédération a fixé un objectif, sinon de points (Jean-Pierre Escalettes, le président de la FFF, s'en défend), en tout cas de résultats au terme des trois premiers matches qualificatifs face à l'Autriche, la Serbie puis la Roumanie, le 11 octobre. Une défaite devant le public de Saint-Denis signerait sans doute la fin de l'ère Domenech, dont le contrat de sélectionneur court théoriquement jusqu'en 2010. "Heureusement que les lois d'exception et la guillotine n'existent plus, sinon certains parmi vous se feraient un malin plaisir de m'envoyer sur l'échafaud", a lancé le sélectionneur à la presse, hier, à Clairefontaine. "Je veux vivre dans l'espoir que les Bleus donnent un autre visage qu'à l'Euro", confiait pour sa part Jean-Pierre Escalettes, au Monde, à la veille de France-Autriche. A l'issue de cette catastrophique rencontre, il ne pouvait que constater les dégâts : énormes difficultés sur les coups de pied arrêtés adverses (les trois buts encaissés par les Bleus l'ont été sur coup franc ou sur penalty), défense aussi friable que du papier à cigarette et attaquants en manque d'inspiration.
Les faiblesses de l'équipe de France ne sont pas nouvelles. Mais, plus inquiétant, la réorganisation orchestrée par la fédération au lendemain de l'Euro n'a pas remis les Bleus en ordre de marche. Très divisée sur le cas Domenech, comme l'a souligné L'Equipe dans des extraits du procès verbal de la réunion publiés hier, la direction de la FFF a finalement choisi de maintenir Domenech à son poste. Mais elle a promis aussi qu'un "vent nouveau" soufflerait bientôt sur le onze de France.
Ce coup de vent a emporté le médecin des Bleus, Jean-Pierre Paclet, victime d'avoir mal diagnostiqué la blessure du capitaine Patrick Vieira au début de l'Euro. C'est l'ancien médecin du PSG, Alain Simon, qui devrait prendre sa succession. Autre nouveau venu dans l'encadrement, Alain Boghossian a rejoint le staff des adjoints, composé jusqu'à présent de Pierre Mankowski et Bruno Martini. L'ex-champion du Monde 1998 a passé depuis son diplôme d'entraîneur professionnel et disposerait d'une qualité d'écoute qui manquait semble-t-il dans l'encadrement des Bleus. "Boghossian n'a pas la langue de bois, il est capable de dire au sélectionneur qui il faut faire jouer ou sortir, ce que le staff de Domenech n'était pas capable de faire", avoue sans détour Jean-Pierre Escalettes. Certains l'annoncent même comme le futur entraîneur… au cas où! Le grand ménage annoncé cet été comprend une nouvelle campagne de communication dans laquelle Lilian Thuram, jeune retraité de l'équipe de France, pourrait prendre part. La Fédération organise ses élections le 13 décembre. A cette occasion, elle proposera à l'ex-défenseur des Bleus un siège au conseil, la place occupée jusqu'à présent par Michel Platini. "Le désamour entre l'équipe de France et ses supporteurs me hante un peu", confie le patron de la Fédération française, qui annoncera, vendredi, s'il brigue un nouveau mandat. Le meilleur antidote contre ce désamour ne serait-elle pas de gagner des matches? Les Bleus devraient s'y employer, ce soir, dans un Stade de France qui n'attend pas plus de 45 000 spectateurs, alors que l'enceinte peut en contenir 80 000. Simon Roger